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L'Internet, sa vie, son oeuvre

Internet est un réseau d'ordinateurs. Si vous avez chez vous plusieurs de ces appareils, il est très probable que vous ayez besoin d'échanger des informations de l'un à l'autre. Un document rédigé sur l'un mais que vous voulez relire ou imprimer sur l'autre, par exemple. Pour cela, vous pouvez relier les deux ordinateurs manuellement, à l'aide de disquettes, mais il faut qu'ils utilisent le même format et la même procédure d'écriture des données. Ces conditions forment une norme, qui doit être la même sur les deux appareils pour que l'échange soit possible. Vous pouvez également les relier entre eux par un câble informatique qui va transporter les informations. Les données numériques utiliseront ce câble pour aller d'une mémoire à une autre directement, au lieu d'être stockées sur un support physique intermédiaire (la disquette). Mais comme pour ce dernier, le codage des données doit respecter une norme commune aux deux ordinateurs pour que chacun comprenne ce que dit l'autre.

En langage technico-informatique, on dit d'un nombre quelconque d'ordinateurs tous situés dans un même lieu et reliés par un nombre quelconque de câbles qu'ils forment un réseau local. Avec deux ordinateurs, il faut un seul câble, avec trois ordinateurs il en faut trois, avec cinq ordinateurs il en faut dix, et avec dix ordinateurs il faut faire très attention aux nœuds! La topologie la plus simple à imaginer dans un tel cas est dite «en anneau»: on relie chaque machine à ses deux voisines et on fait la ronde. Une autre topologie très classique est dite «en étoile»: on nomme une machine qui sera le centre de l'étoile, et on relie directement toutes les autres à ce centre. Dans cette configuration, pour qu'un ordinateur sache comment joindre un autre ordinateur du même réseau, il doit savoir quel chemin utiliser, direct (l'autre bout d'un câble) ou indirect (en passant par un ou plusieurs ordinateurs intermédiaires, qui serviront de relais), et l'adresse du destinataire des informations. Tout cela constitue le protocole d'un réseau informatique, il faut une langue commune et chaque ordinateur doit avoir une adresse.

Internet est un réseau de réseaux car il relie entre eux des réseaux locaux. Chaque réseau local peut utiliser n'importe quel protocole mais pour permettre à l'un de ses membres de dialoguer avec le membre d'un autre réseau local, le protocole doit être le même d'un bout à l'autre. Sur l'Internet (et, pour des raisons de simplicité, sur la plupart des réseaux locaux qui le composent), tout le monde parle donc la même langue qu'on appelle TCP (transmission control protocol) avec la même méthode d'acheminement des données nommée IP (Internet protocol). Les deux faisant la paire et l'un n'allant pas sans l'autre, on utilise le terme TCP/IP pour parler du protocole utilisé par les ordinateurs sur l'Internet. TCP/IP est un excellent protocole de réseau, mais rien d'autre. Il permet de transférer des données d'un ordinateur à un autre, d'un bout à l'autre de la planète, mais en tant que tel il n'est rien de plus que la disquette du début ou, pour revenir dans le monde humain, rien de plus qu'une voie ferrée.

Reste à savoir ce qui roule dessus et comment. Les trains qui utilisent cette voie ferrée sont des services, chaque service n'étant rien d'autre qu'un sous-protocole utilisant le protocole TCP/IP. Les ordinateurs qui offrent des services sont appelés des «serveurs» et ceux qui utilisent ces services sont appelés des «clients». Comme TCP/IP lui-même ne définit pas de services, tout ordinateur relié à l'Internet par TCP/IP peut être à la fois client ou serveur.

Les différents services

Le courrier électronique est le service le plus utilisé sur l'Internet. Le train qui roule sur les rails de TCP/IP est avant tout un train postal, qui se contente d'acheminer les lettres d'un ordinateur à un autre. Quand on utilise son ordinateur pour écrire une lettre, il faut indiquer l'adresse de celui à qui la lettre est destinée, exactement comme avec La Poste. Une adresse électronique comporte deux parties, d'abord le nom de l'ordinateur, puis, parce qu'un ordinateur sert souvent à plus d'une seule personne, le nom de l'utilisateur. Cette adresse prend donc la forme nom-du-correspondant@nom-de-l'ordinateur. Le protocole utilisé pour le transfert du courrier électronique est le SMTP (simple mail transfer protocol) et l'ordinateur auquel est envoyé le courrier sera par conséquent un serveur SMTP. Les listes de diffusion sont une forme particulière de courrier électronique, sauf que le nom du correspondant est celui d'un programme informatique qui va retransmettre le message à une liste de destinataires qui s'y seront abonnés auparavant.

Le World Wide Web est le plus connu de tous les services de l'Internet. C'est lui qui a déclenché l'intérêt commercial et médiatique actuel grâce à sa grande convivialité. Utilisant une interface le plus souvent graphique, permettant de passer d'un document à l'autre grâce à la notion d'hypertexte, il est devenu si important qu'aujourd'hui, la plupart des utilisateurs confondent le Web et l'Internet tout entier. Les navigateurs, du type Navigator de Netscape ou Internet Explorer de Microsoft, permettent de lire les documents présents sur le World Wide Web. Les documents qu'il propose sont au format HTML (hypertext markup language) et ont une adresse URL (uniform resource locator) de la forme http://nom-de-l'ordinateur/nom-du-fichier. HTTP (hypertext transport protocol) est le nom du protocole utilisé pour transmettre les documents, les ordinateurs où sont stockés les documents accessibles par ce protocole étant des serveurs http ou, plus souvent, un serveur web. L'ensemble des documents qu'un serveur web met à disposition du public constitue un site web.

On retrouve l'usage de la disquette du début dans les transferts de fichiers. Le FTP (file transfer protocol) permet de déposer ou d'aller chercher des fichiers n'importe où sur l'Internet. Pour cela, il faut indiquer l'adresse du fichier recherché par FTP qui est de la forme ftp://nom-de-l'ordinateur/chemin-d'accès-au-fichier. La grande majorité des fournisseurs d'accès commerciaux proposent des serveurs FTP sur lesquels se trouvent les logiciels ou les documents les plus recherchés, par exemple les outils qui permettent d'utiliser les différents services de l'Internet.

Usenet est un service un peu particulier car il ne repose pas sur un serveur mais sur différents serveurs qui proposent le même service (la discussion à plusieurs) et qui se transmettent entre eux les documents soumis par leurs utilisateurs. Un serveur de news, ou serveur NNTP (network news transfer protocol), est l'équivalent d'un panneau d'affichage public. Seul, il permet à ses clients directs d'échanger des messages publics. En réseau, les serveurs s'échangent des messages que tout client d'un serveur de news peut lire et auquel il peut répondre en différé. Pour que ces panneaux d'affichage restent lisibles, les messages sont postés dans des forums organisés par thèmes de discussion. L'ensemble de ces forums mondiaux constitue une entité appelée Usenet. En France, les forums les plus utilisés sont logiquement les forums francophones dont l'adresse commence donc par fr. suivi du thème de la discussion. Par exemple, fr.soc.internet est le forum francophone dans lequel on discute des aspects sociaux de l'Internet.

Il existe bien d'autres services sur l'Internet, notamment IRC (internet relay chat) ou ICQ (I seek you), qui permettent de discuter en direct avec un ou plusieurs interlocuteurs ; CUSeeMe propose en plus l'image. Gopher est considéré par certains comme l'ancêtre du Web, il permet de rechercher toutes sortes de documents en utilisant un système de menus hiérarchiques. Archie permet de trouver l'emplacement d'un fichier accessible en FTP lorsque l'on connaît déjà son nom mais il est de moins en moins utilisé car un nombre croissant de sites web propose les mêmes renseignements.

Les noms de domaine

Pour établir une liaison entre deux ordinateurs à l'intérieur d'un réseau, il faut une adresse. Dans le protocole TCP/IP, l'adresse d'une machine, qu'elle soit reliée de façon permanente ou temporaire au réseau, est un nombre codé sur quatre octets, sous la forme «1.2.3.4». Ce numéro est unique dans le réseau et à chaque numéro correspond un ordinateur et un seul, c'est une adresse IP. Les connexions temporaires utilisent des adresses IP temporaires, qui sont assignées automatiquement lors de l'établissement de la connexion, alors que les connexions permanentes utilisent des adresses configurées une fois pour toutes. Les numéros IP sont attribués gratuitement aux organisations qui le demandent par un organisme américain (l'IANA) ou européen (le RIPE), en fonction des besoins. Si les quatre octets qui composent ces adresses ont paru couvrir l'ensemble des besoins pour longtemps lors de la création de TCP/IP, on s'aperçoit aujourd'hui que ces adresses deviennent rares (on ne dispose en tout que de quatre milliards d'adresses différentes). L'IANA et le RIPE sont donc très méticuleux dans l'attribution des numéros.

Pour accéder à un contenu, les internautes doivent connaître le nom du serveur qui le propose car un nom est plus facile à retenir qu'un numéro. Très tôt, l'Internet s'est donc doté d'un service global, le DNS (domain name service) qui permet d'assigner un nom de machine à chacune des adresses IP. Pour le DNS, l'adresse de l'ordinateur chargé de recevoir le courrier destiné à ma machine (brasil.brainstorm.fr) est 193 56 58 35, on peut donc m'écrire à l'adresse laurent@193 56 58 35 ou, plus aisément, à laurent @brainstorm.fr. Ce nom repose sur l'existence d'un «domaine» (brainstorm.fr) et sur le nom d'une machine de ce domaine (brasil). Un domaine correspond, le plus souvent, à un réseau local et les noms de ces domaines sont hiérarchiques, brainstorm.fr, par exemple, est un domaine du TLD (top level domain).fr, qui est géré par une organisation, l'AFNIC (Association française pour le nommage d'Internet en coopération). Cette dernière fait payer la création d'un domaine et ne l'accorde qu'à la condition qu'on lui présente la preuve de l'existence de la société portant le nom du domaine réservé. Il existe des TLD internationaux dans lesquels on peut demander la création de domaines ; le «.com», en particulier, est celui dans lequel la plupart des grandes entreprises internationales créent le leur.

Une enveloppe doit être ouverte ou fermée

La cryptographie semble avoir cristallisé toutes les peurs des tenants de l'ancien monde. Ce sentiment s'explique surtout par une profonde méconnaissance du sujet, comme souvent avec l'Internet.

Le courrier électronique, sous sa forme habituelle, est l'équivalent informatique de la carte postale, n'importe qui peut la lire sans que le destinataire le sache. Les e-mails peuvent être lus, copiés, stockés et traités par n'importe qui, du fournisseur d'accès au service informatique de l'entreprise du destinataire en passant par les utilisateurs des ordinateurs par lesquels transite le courrier. Comme tout le monde, lorsque j'écris une carte postale, je me limite aux banalités d'usage car même si cet exercice imposé n'est pas motivé par le secret, il va de soi que personne n'irait divulguer ainsi des informations qu'il souhaite garder secrètes.

Aujourd'hui, nos e-mails contiennent davantage d'informations que nos cartes postales. Des informations souvent bien plus confidentielles que des considérations météorologiques. D'où l'intérêt de la cryptographie pour le grand public. Cette science, aujourd'hui à la portée de tout technophile même amateur, permet en effet de garantir que personne d'autre que le destinataire ne pourra prendre connaissance d'un document. Le seul moyen pour un tiers (y compris la justice) de lire un message crypté est de demander à son propriétaire de le décoder. Toute la puissance informatique du monde ne pourrait pas déchiffrer le texte codé le plus anodin sans passer quelques milliers d'années au travail.


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